La vie privée, c’est le droit pour chacun·e de préserver son intimité, de protéger certaines facettes de sa vie des regards extérieurs, de garder un espace personnel où l’on peut être soi-même sans être observé, surveillé ou jugé. Cela comprend nos opinions, nos relations, nos émotions, notre corps, notre domicile, notre vie numérique…
Ce droit fondamental est reconnu au niveau international, notamment par la Convention européenne des droits de l’homme, et en Belgique par l’article 22 de la Constitution, qui garantit à toute personne « le respect de sa vie privée et familiale ».
Mais attention : cela ne signifie pas que ce droit est absolu.
C’est quoi un droit absolu ?
Un droit absolu ne tolère aucune exception. C’est le cas, par exemple, de l’interdiction de la torture.
La protection de la vie privée, elle, est un droit relatif : cela signifie qu’elle peut, dans certains cas, être limitée notamment lorsqu’il s’agit de :
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- Protéger la sécurité nationale ou publique
- Prévenir des infractions
- Préserver la santé, les bonnes mœurs, ou les droits d’autrui
- Défendre le bien-être économique du pays
Ces exceptions sont donc assez larges.
La surveillance généralisée : un risque pour nos libertés ?
On parle parfois aujourd’hui de « société de surveillance », où la technologie permet une observation constante des comportements privés.
Les révélations autour de la NSA, de certains services de renseignement européens ou encore du projet Pegasus (un logiciel espion qui permettait de surveiller des téléphones à distance) ont montré que même dans des sociétés démocratiques, nos communications peuvent être surveillées de manière massive, parfois sans base légale claire.
Les technologies numériques rendent la limite entre vie privée et vie publique de plus en plus floue. Ce qu’on dit, ce qu’on montre, ce qu’on like, ce qu’on recherche… tout cela laisse une empreinte numérique, souvent invisible pour nous, mais exploitable par d’autres.
Quelle est la différence entre sphère privée et sphère publique ?
La sphère privée, c’est ce qui nous appartient en propre : notre maison, notre vie intime, nos échanges personnels, nos pensées.
La sphère publique, c’est ce que l’on partage avec les autres, ce qui est visible, audible, consultable par d’autres personnes. C’est la place publique, mais aussi… les réseaux sociaux.
Or, aujourd’hui, nos vies privées s’exposent volontairement sur les plateformes numériques : photos, avis, géolocalisation, préférences… Un simple clic suffit pour rendre public ce qui, autrefois, restait entre les quatre murs d’un logement.
Pourquoi est-ce important de protéger sa vie privée ?
Certaines personnes disent : « Je n’ai rien à cacher, donc rien à craindre. » Mais ce raisonnement est trompeur.
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- Parce qu’on ne sait pas toujours qui peut voir nos données (entreprises, État, inconnus…)
- Parce que des informations privées peuvent être utilisées contre nous, sans qu’on l’ait voulu (harcèlement, escroquerie, rejet social…)
- Parce que ce qu’on partage aujourd’hui peut revenir nous nuire plus tard
- Parce que chacun·e a droit à un espace de liberté où il/elle peut exister sans être observé
Comme l’a montré la philosophe Hannah Arendt, la vie privée est essentielle à notre liberté intérieure. Le regard constant des autres, même virtuel, influence nos comportements, nos choix, notre authenticité.
Comment protéger concrètement sa vie privée ?
Cela commence par reprendre le contrôle sur ce qu’on partage :
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- Choisir avec soin ce qu’on poste sur les réseaux sociaux
- Vérifier les paramètres de confidentialité
- Limiter les données qu’on donne à des applications
- Se poser la question : “Suis-je d’accord que cette information soit publique ?”
- Connaître ses droits en tant qu’utilisateur·rice
Quelle est la loi qui protège notre vie privée en Belgique ?
En Belgique, c’est la Loi du 30 juillet 2018, mise à jour en juillet 2024, qui encadre la protection des données à caractère personnel.
Elle complète les grands règlements européens :
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- Le RGPD (Règlement Général sur la Protection des Données) : impose aux entreprises et services publics de respecter notre vie privée
- Le DSA (Digital Services Act) : encadre les plateformes en ligne (réseaux sociaux, moteurs de recherche…)
- Le DMA (Digital Markets Act) : limite le pouvoir des très grandes plateformes comme Google, Meta ou Amazon
Ces textes donnent à chaque citoyen·ne le droit :
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- D’accéder à ses données
- De les faire corriger ou supprimer
- De s’opposer à certains traitements
- De porter plainte en cas de non-respect
Pour aller plus loin sur ces sujets, voir aussi nos articles :
- Nos données à caractère personnel
- Comment s’opposer au traitement de nos données à caractère personnel ?
MAJ 2025